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+ LA MALADIE DE LYME
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					 « Quand on a Lyme, on a un double combat à mener : contre la maladie-même. Mais aussi, souvent, trop souvent, contre le déni du corps médical. Les patients qui en sont atteints, un médecin les a reçus. Il les a écoutés. Et il les a soignés. Ces patients venaient le voir après des années, parfois des décennies, d’errance médicale. Soit on ne les écoutait pas, soit on ne les comprenait pas… et, dans bien des cas, on ne les croyait pas. Ce médecin, c’est le professeur Christian Perronne, ancien chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches, où il a reçu et pris en charge la plupart de ces patients.  | 
				
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					 Briser le tabou autour de la maladie de Lyme est le combat de toute sa vie. 
 Depuis des années, les autorités sanitaires s’obstinent à ne reconnaître qu’une forme aiguë de la maladie de Lyme – celle qu’on soigne, classiquement, par quelques jours d’antibiotiques, suite à une piqûre de tique et l’apparition d’un érythème migrant. Voilà qui paraît simple. Mais combien de patients n’ont jamais vu cet érythème ? Combien n’ont pas été diagnostiqués à temps ? C’est d’autant plus compliqué que, si l’érythème migrant est le seul symptôme exclusivement associé à Lyme (c’est-à-dire que si vous en portez un vous êtes malheureusement certain d’avoir Lyme, cette marque cutanée n’apparaissant pour aucune autre maladie)… il n’apparaît pas systématiquement. Autrement dit : vous pouvez souffrir de Lyme, sans avoir eu au préalable « l’alerte » de l’érythème migrant. Bon. Mais il y un autre très gros problème, même à ce stade de la forme aiguë de Lyme. C’est l’inadaptation des tests sérologiques en France pour diagnostiquer Lyme. En France, on s’appuie sur des tests ELISA puis Western Blot, qui passent souvent à côté des infections anciennes ou atypiques... et surtout des nouvelles souches de borrelia (la bactérie responsable de la maladie). Ces tests ont en effet des années de retard sur la variété génétique et la répartition géographique des borrelia circulant en 2025 en France. Peut-être pire encore que cela, il y a une « subtilité » administrative par région en France qui fait que vous pouvez être testé négatif à Strasbourg, et positif à Paris…. En faisant rigoureusement la même analyse sérologique. Le Pr Perronne vous explique cette absurdité ahurissante 
 La déplorable insuffisance de ces tests est aggravée par les co-infections (babésiose, bartonellose, ehrlichiose…) transmises elles aussi par les tiques, et qui aggravent le tableau clinique. Ce tableau clinique, il est si vaste qu’on a appelé Lyme « la grande imitatrice ». Je le répète, seul l’érythème migrant est un symptôme « exclusif » de Lyme. Les autres symptômes sont si variés que cela complique considérablement la tâche du médecin. Fatigue accablante, douleurs articulaires erratiques, migraines, troubles cognitifs (« brouillard mental »), troubles du sommeil, palpitations, malaises inexpliqués… Des symptômes flous, diffus, variables. Faute de diagnostic fiable, et donc de traitement pertinent, combien continuent à souffrir des mois, des années après ? « C’est le stress, madame. » Je prendrai un seul exemple : la dépression. Combien de patients qui restaient imperméables aux traitements antidépresseurs, qui ont vu leur vie sociale et familiale détruite parce qu’on leur reprochait de « ne pas se bouger », ont été diagnostiqués d’un Lyme chronique par le Pr Perronne, et ont pu retrouver grâce à sa prise en charge une vie enfin normale, à votre avis ? 
 Dans ses conférences, le Pr Perronne évoque le même constat amer : c’est souvent le malade lui-même qui fait le diagnostic, après des années d’errance, d’échecs thérapeutiques et d’errances diagnostiques. Alors pourquoi tant de résistance de la part de la doxa médicale ? Pourquoi tant d’agressivité envers les médecins qui osent parler de Lyme chronique ? Parce qu’il faudrait reconnaître que des milliers – peut-être des centaines de milliers – de patients ont été abandonnés. Parce qu’il faudrait remettre en cause les dogmes de l’infectiologie classique. Et parce qu’il faudrait accepter l’idée, dérangeante, que notre système médical est parfois… sourd. Et dépassé. Aujourd’hui le Professeur Christian Perronne est à la retraite. Il a payé cher sa liberté de ton, vous le savez. Mais, parce qu’il est à la retraite, il n’a plus aucun tabou à dire ses vérités dérangeantes. 
 Cette maladie de Lyme, son combat pour la soigner, son combat pour en faire reconnaître l’existence, le Pr Perronne et moi en avons fait naturellement le sujet du premier entretien. Il y a une autre raison à cela : c’est que, si elle a été « occultée » par le Covid et d’autres scandales sanitaires plus récents, la maladie de Lyme est un fléau plus préoccupant que jamais, avec un nombre de cas sans cesse croissant, année après année. Mais, surtout, comme le covid, Lyme est un sujet « gênant » politiquement. Pourquoi ? Eh bien, le Pr Perronne vous le dit avec la tranquille assurance du spécialiste sûr de son fait et qui n’a plus rien à perdre . C’est une véritable bombe, qui explique – et annonce – beaucoup d’autres dérives politico-sanitaires. »  | 
				
 ( Altrernative Bien Etre , dimanche 27 avril 2025 )